Le SJM et l’Université de Séville préviennent que les CIE constituent des espaces à risque pour le développement de problèmes de santé mentale
MADRID, 29 janvier () –
Le Service Jésuite des Migrants (SJM) et le Centre Communautaire de Recherche et d’Action de l’Université de Séville (CESPYD) ont averti que les Centres d’Internement pour Étrangers (CIE) sont des espaces à risque « pour le développement ou l’exacerbation d’une mentalité de problèmes de santé parmi les détenus ».
C’est ce qu’affirme le rapport consulté par Europa Press et réalisé par les deux entités sur la santé mentale dans les centres de détention pour étrangers, où elles avertissent également que ces personnes sont confrontées à « une forme non planifiée de perte de liberté, de dépersonnalisation, d’isolement, de confusion et d’incertitude ».
De même, le document indique qu’il existe des « difficultés de communication » avec les professionnels et des « sentiments d’humiliation » et souligne que l’État est « responsable de garantir le droit à la santé des détenus et l’étude prévient que la détention contribue à une mauvaise santé mentale ».
Le rapport montre également que 70 % des personnes interrogées présentent des symptômes « élevés » d’anxiété et de dépression, nécessitant un traitement. De même, il souligne que deux personnes sur dix admettent avoir tenté de s’infliger des blessures pendant leur séjour au CIE et que 70% des personnes ont commencé à ressentir ces symptômes à la suite de leur hospitalisation.
Concernant la qualité de vie, il affirme que la majorité des détenus se sentent en sécurité dans les centres, avec une « haute valeur » des soins de santé ou de leur relation avec la police. Ils évaluent cependant « négativement » l’assistance juridique, « en raison du manque d’information et des difficultés de communication avec leur avocat », ainsi que de la qualité de la nourriture dans les centres.
Quoi qu’il en soit, les détenus commentent qu’il existe des moyens de préserver la santé mentale dans les centres, parmi lesquels se distingue la possibilité de pratiquer du sport, de la marche ou d’autres activités physiques ou de loisirs. De même, 87% sont disponibles pour se rendre dans un service d’aide psychologique.
SERVICE DE SOUTIEN PSYCHOLOGIQUE
Enfin, l’Université de Séville et le SJM recommandent aux autorités de disposer d’un service de soutien psychologique doté de compétences culturelles appropriées, accessible aux détenus et au personnel policier et militaire. En ce sens, ils ajoutent que ce service serait « la meilleure alternative » à la pratique actuelle de médication pour les détenus, et aurait également pour but de « promouvoir le bien-être des policiers et des militaires affectés au CIE ».
« Il vaut la peine d’investir dans des espaces de soutien, de dialogue et de réflexion ; dernière alternative dans des cas très limités », expliquent-ils.
Pour préparer le rapport, un total de 87 entretiens ont été réalisés (83 hommes et quatre femmes), en utilisant une méthodologie spécialisée pour détecter les symptômes liés à la santé mentale, avec des détenus des centres d’Algésiras, Madrid et Valence, où le réseau SJM des entités sont présentes. La durée moyenne de séjour en Espagne des personnes interrogées était de cinq ans, et la nationalité d’origine majoritaire était le Maroc (58%) et les pays d’Amérique Latine (39%).