Plus de la moitié des migrants en Espagne sont surqualifiés pour leur emploi, selon Accem
MADRID, le 20 mai. (E) –
Plus de la moitié (58%) des migrants en Espagne sont surqualifiés pour leur emploi, selon l'ONG Accem, à l'occasion de la Journée mondiale de la diversité culturelle, célébrée ce mardi 21 mai.
L'ONG souligne notamment que, selon une étude internationale récemment réalisée par le Financial Times, El País et Unbias the News, en Espagne, plus de 12 millions de personnes ont fait des études supérieures. Parmi eux, un sur trois exerce un emploi pour lequel il possède des connaissances et une expérience supérieures à ce qui est requis, le taux de surqualification étant le plus élevé de tous les pays de l'Union européenne, dont la moyenne est de 22 %. selon les données d'Eurostat.
De même, Accem affirme que ce chiffre passe à 58% chez les personnes d'origine étrangère qui se trouvent en Espagne. Sur les 1,8 million d’étrangers, près d’un million possèdent un diplôme supérieur, généralement universitaire, mais ils exercent un métier qui n’exige pas un niveau d’éducation aussi élevé.
Ce taux ajoute qu’il est resté aux mêmes niveaux au cours des deux dernières décennies et s’est même aggravé après la pandémie de covid-19.
L'Accem révèle que parmi les causes qui limitent l'accès à l'emploi des étrangers, il y a à la fois structurelles et sociales. D'une part, il explique que cela est dû aux difficultés bureaucratiques d'homologation des diplômes universitaires délivrés par des universités étrangères en Espagne, qui « empêchent les titulaires de ces diplômes d'accéder à des emplois correspondant à leurs compétences et connaissances ». « Cette procédure est essentielle pour accéder aux professions réglementées dans notre pays comme la médecine et les soins infirmiers, la dentisterie, la médecine vétérinaire, l'ingénierie, l'enseignement non universitaire réglementé, etc », souligne-t-il.
De même, il explique que les « longues attentes » pour pouvoir approuver ces études poussent les gens à opter pour des emplois moins qualifiés, « plus précaires et moins attractifs », généralement abandonnés par la population autochtone. Ainsi, il indique que, selon une étude réalisée en Allemagne, la reconnaissance des qualifications étrangères améliore « considérablement » les résultats des personnes d'origine étrangère sur le marché du travail. « Selon ce rapport, trois ans après avoir obtenu la reconnaissance de leur diplôme universitaire, les migrants avaient 24,5% de chances supplémentaires d'être employés et gagnaient 19,8% de salaires plus élevés, ce qui correspondait aux salaires de leurs homologues autochtones », ajoute-t-il.
Dans ce sens, il explique que, malgré les dernières avancées de la législation espagnole visant à rationaliser ces procédures, celles-ci durent encore généralement jusqu'à deux, voire trois ans. « A cette réalité s'ajoutent également d'autres obstacles administratifs, davantage liés aux délais fixés pour l'obtention d'un permis de séjour ou de la citoyenneté espagnole », souligne-t-il.
DES PLAINTES QUE « DE NOMBREUX PRÉJUGÉS » PERSISTENT À L'ÉGARD DES MIGRANTS
En revanche, l'ONG dénonce que « de nombreux préjugés persistent dans notre société à l'égard des migrants, qui continuent de devenir des obstacles pour accéder à certains postes ou emplois ». En ce sens, il précise que, parfois, il s’agit de « préjugés inconscients ».
Accem, avec son programme DIVEM, une référence en matière de sensibilisation et de formation des entreprises à une gestion responsable de la diversité culturelle, a organisé différentes activités et initiatives destinées aussi bien aux grandes entreprises qu'aux PME et associations d'entreprises. Selon l'ONG, son objectif est de fournir des outils « pour former et guider sur la valeur de la diversité culturelle, en promouvant des équipes interculturelles, diversifiées, équitables et inclusives et en développant des actions pour contribuer à l'Agenda 2030 ».
Parmi ces actions figurent l'organisation d'ateliers, ouverts et gratuits à toutes les entreprises qui souhaitent participer, pour lutter contre ces préjugés, en sensibilisant à l'importance de créer des équipes non seulement multidisciplinaires, mais aussi interculturelles ; faciliter l’accès aux connaissances et aux ressources qui permettent aux entreprises d’être plus diversifiées et, ainsi, de bénéficier de tous ces talents diversifiés.