« Ce ne sont pas des chiffres, ce sont des gens qui rêvent »
SAN SEBASTIÁN, 26 septembre (de l’envoyé spécial d’, Francisco Serrano) –
Le réalisateur italien Matteo Garrone Ce mardi, au Festival de Saint-Sébastien, il présente son nouveau film, « Je suis capitaine »dans lequel il aborde le voyage qu’ils vivent Les migrants africains ou « héros », comme il l’a décritqui font face à la mer Méditerranée pour rejoindre les côtes italiennes.
« Il s’agit de donner la parole à ceux qui n’en ont pas. L’idée est de raconter que derrière les morts, il y a des gens, des familles et des rêves.« , a-t-il assuré dans un entretien à Europa Press.
Garrone regrette que l’Europe se soit « habituée » à voir arriver les bateaux, ce qui fait que « les gens pensent qu’il ne s’agit que de chiffres ». Le film se concentre sur le parcours « épique » de Seydou Sarr et Moustapha Fall, deux Sénégalais qui rêvent de rejoindre l’Italie pour devenir chanteurs.
Le réalisateur souligne qu’il vise à faire comprendre au spectateur l’expérience des migrants jusqu’à leur arrivée en Europe. « L’idée est née de la volonté de donner une forme visuelle à une partie du voyage que l’on ne voit pas habituellement en Europe.. « Nous sommes habitués à voir des bateaux, à voir des navires arriver en Sicile et nous sommes habitués à ce décompte des vivants et des morts », a-t-il critiqué.
Le cinéaste a remporté le Lion d’argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise et sera le candidat italien aux Oscars. « C’est un film d’action et d’aventure. Nous avons fait des scènes très dangereuses en Afrique, où nous risquions souvent de graves accidents. Mais au final c’est un film très visuel. C’est le voyage d’un héros« , a souligné.
L’un des principaux problèmes rencontrés par Garrone lors du tournage au Sénégal concerne la langue des protagonistes. « Ils parlent wolof dans le film et je n’ai rien compris. J’ai dirigé à l’œil nu et c’était une situation étrange.« , a-t-il révélé.
Garrone a assuré que « Yo Capitan » lui apportait beaucoup « d’émotions » et a exprimé sa gratitude pour le bon accueil qu’il reçoit auprès d’un public diversifié. « C’est un film qui me procure beaucoup d’émotions et qui m’a fait oublier l’effort nécessaire pour le réaliser »a-t-il avoué.
Concernant le protagoniste principal du film, Seydou Sarr, Garrone mentionne qu’il a été surpris par le monde intérieur du jeune acteur, avec lequel le public sympathisera dès le premier instant, comme il le souligne. « Seydou a donné à la personne une tridimensionnalité, une charge vitale, une pureté et une force, qui sont les traits qui caractérisent les personnes qui entreprennent ces voyages.« , a-t-il détaillé.
LE PAPE FRANÇOIS SOUTIENT « JE CAPITAINE »
Récemment, le pape François a reçu Garrone et quelques acteurs du film à la résidence Santa Marta. Le Vatican a organisé une projection spéciale du film le 14 septembre.
À cet égard, Garrone rappelle que la rencontre avec le Pontife a été « merveilleuse » et qu’il a voulu connaître le film et montrer son soutien. « Le pape François a toujours été aux côtés des migrants. Ils ont toujours eu son soutien et il a dénoncé les injustices dont ils sont victimes. C’est pour cette raison qu’il voulait voir le film, qu’il s’est senti proche de notre projet et qu’il nous a remarqué », a-t-il indiqué.
Lorsqu’on lui demande si la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a vu le film, le réalisateur assure qu’il n’en est pas conscient et souligne qu’il s’agit d’une question « d’injustice sociale » qui dépasse la politique italienne.