"Ils veulent faire du mal à ceux qui sauvent des vies"

« Ils veulent faire du mal à ceux qui sauvent des vies »

Ferrari a été reçu par le pape le 22 mars en audience avec l’ONG Mediterranea Savig Humans

ROME, 3 avr. () –

Le prêtre Mattia Ferrari, aumônier du Mare Jonio, un navire de l’association humanitaire Mediterranea Saving Humans qui se consacre au sauvetage des immigrés en mer Méditerranée, a dénoncé au parquet de Modène les menaces dont il fait l’objet de la part de la mafia libyenne.

« S’ils m’ont attaqué, c’est parce qu’ils veulent nous faire du mal à nous tous qui nous sommes engagés à sauver des vies. Les ONG, les associations humanitaires, l’Église catholique, nous causons beaucoup de problèmes, parce que nous voulons construire une société fraternelle, Pape nous demande. », a expliqué.

Ferrari regrette que le Parquet va déposer la plainte dans laquelle il dénonce les attaques personnelles qu’il reçoit sur Twitter depuis mai 2021 de la part de comptes qui seraient liés à la mafia libyenne, selon des informations journalistiques.

« Il est clairement dit qu’il n’y a même pas eu d’enquête – a-t-il expliqué dans des déclarations à Europa Press -. Selon le procureur, il n’y a pas lieu d’enquêter, car si un prêtre exerce son ministère de cette manière » très différente des sphères traditionnelles d’expression -réservée au mandat pastoral- et il le fait en propageant ses oeuvres avec un ton légitimement déterminé et clair », il ne doit pas s’étonner qu’elles le menacent parce qu’il s’expose ».

Selon son récit, les menaces ont été proférées par le compte du réseau social @rgowans, qui a été décrit par certains reportages comme le porte-parole de la mafia libyenne. Plus précisément, le 30 mai 2021, ce compte a publié sa photo, avec son nom et une étiquette l’attaquant, le comparant à des « assassins nazis et communistes ». « Il a dit que je devrais avoir honte et m’a présenté à ses fans comme un ennemi », a-t-il ajouté.

Les appréciations du procureur de Modène qui, dans sa présentation au dossier, a allégué que les prêtres devaient essentiellement être « réservés et se taire », ont suscité des protestations tant dans l’Église catholique que dans le monde de l’activisme laïc.

Le président de la Conférence épiscopale italienne, Matteo Zuppi, s’est joint aux critiques et a demandé de continuer à « vérifier les responsabilités libyennes et les responsabilités de ceux qui ont menacé ». En ce sens, Zuppi a exhorté à mettre « un accent de justice » afin que les responsables « soient identifiés et poursuivis ».

Ce qui a le plus retenu l’attention de Ferrari, c’est « le fait que le parquet de Modène affirme avec toute la tranquillité du monde qu’il n’a même pas enquêté sur la cause ». « Quand on reproche au Pape et à l’Église d’agir en paroles et en actes contre l’injustice, il faut rappeler que le Pape et l’Église le font pour une autre personne : Jésus », a-t-il souligné, assurant que le lien entre ce compte Twitter et la mafia libyenne et d’autres institutions étatiques européennes seraient un « scandale ».

Ferrari a rencontré le pape le 22 mars dans le cadre de l’audience avec une délégation de l’ONG Mediterranea Saving Humans, qui mène également des actions de secours sur le terrain en Ukraine, dirigée par ce prêtre. Étaient également présents les archevêques de Palerme et de Naples, Corrado Lorefice et Mimmo Battaglia, ainsi que le préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, le cardinal Michael Czerny.

« Nous avons également souhaité la présence des archevêques de Palerme et de Naples, qui, en tant qu’évêques des deux principales villes méditerranéennes d’Italie, sont les leaders de la collaboration entre Mediterranea Saving Humans et l’Église, car nous voulions avant tout remercier le Pape pour ce que fait l’Église pour nous accompagner dans cette mission », a détaillé Ferrari.

L’Italie a automatiquement renouvelé en novembre de l’année dernière le pacte d’arrêt du flux migratoire sur la route de la Méditerranée centrale pour trois ans supplémentaires avec la Libye, ce qui a suscité la controverse dans le pays. A travers cet accord, le gouvernement italien forme et offre des moyens aux garde-côtes libyens. Selon une enquête du journal ‘Avvenire’, cette unité serait composée de milices privées qui se rangent souvent du côté des trafiquants d’êtres humains.

Selon un calcul de l’ONG Sea Watch, plus de 32,5 millions d’euros auraient été alloués, bien que les chiffres n’aient pas été rendus publics, ni le nombre de migrants de retour. Cependant, une enquête journalistique publiée dans le média numérique italien ‘IrpiMedia’ a estimé que du 1er janvier à septembre 2022, plus de 16 000 immigrés ont été renvoyés. En juin 2019, un groupe d’avocats internationaux a déposé une plainte – sans identifier les responsables – auprès de la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour enquêter sur la responsabilité de l’UE.

A lire également