La presse marocaine remet en question le gouvernement et impute à sa politique les dernières tentatives d'assaut de masse à Ceuta

La presse marocaine remet en question le gouvernement et impute à sa politique les dernières tentatives d'assaut de masse à Ceuta

Il reproche le manque de politiques pour faire face au problème des 1,5 millions de « ni l'un ni l'autre » qui pourraient choisir d'émigrer

La presse marocaine a mis sous le feu des projecteurs le gouvernement du Premier ministre Aziz Ajanuch, miné par son silence et l'absence de mesures pour répondre aux besoins des jeunes Marocains, en particulier de ceux qu'on appelle « ni l'un ni l'autre », après la tentative d'assaut massif contre le Ceuta a été frontalière le week-end dernier par des centaines de migrants, parmi lesquels se trouvaient de nombreux jeunes sujets de Mohamed VI.

Si ces derniers jours les médias marocains ont globalement fait écho aux opérations menées par les forces de sécurité alaouites pour empêcher l'entrée massive de migrants encouragés via les réseaux sociaux à Ceuta et aux éloges d'une partie des autorités espagnoles pour cette action, ils se sont concentrés ce mardi sur sur le premier ministre.

« Flux d'immigration du 15 septembre vers Ceuta: l'aveuglement volontaire et le silence insupportable du zombie Aziz Ajanuch », titre un article du portail Barlamane, dans lequel il considère qu'il s'agit d' »un événement d'une immense gravité géré avec maîtrise ». la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) que ni Aziz Ajanuch ni son gouvernement n'ont commenté ».

Et tout cela, selon Barlamane, parce que « les mineurs qui ont convergé vers le poste frontière de la ville de Fnideq (Castillejos), à côté de Ceuta, avant d'être détectés ou bloqués par la police, incarnent tout ce que rejette Aziz Ajanuch : l'échec de son politiques sociales ».

« Qui sont ces Marocains qui tentent de rejoindre Ceuta ? Et où est le gouvernement ? », s'interroge le portail le360.ma, qui considère également que ce qui s'est passé ce week-end à la frontière avec la ville autonome est « très grave ».

Parmi les « centaines de candidats, en majorité marocains », la motivation n'était autre que « l'absence de toute perspective d'avenir », souligne ce média, qui ajoute que « très jeunes, ces candidats ne sont rien d'autre qu'un échantillon de ceux appelés par le terme « ni-ni » barbare (pas de travail, pas de formation, pas d'éducation) ».

Face au « travail admirable » réalisé par les forces de sécurité marocaines pour empêcher l'entrée à Ceuta, il est honteux qu'Ajanuch, qui a justement participé ce week-end à une réunion à Agadir avec les jeunes de son parti RNI, n'ait pas consacré une un seul mot sur ces événements ni sur le problème des « ni l'un ni l'autre » (qu'on appelle au Maroc NEET) car pour le premier ministre « ils n'existent même pas », ni « le chômage endémique qui ravage le pays ou le secteur informel » « .

« Oubliez que ce sont justement ces millions de jeunes qui évoluent en dehors de toute stratégie gouvernementale, de tout intérêt de nos élus, grands et petits, qui tentent aujourd'hui l'impossible », souligne l'article, qui reproche au Gouvernement son inaction et sa « politique de l’autruche ».

De son côté, leDesk.ma consacre un long article au problème du « ni-ni » sous le titre « L'assaut du 15-S sur Ceuta, révélateur d'une jeunesse désorientée et sans horizon ». Il fait écho à un récent rapport du Conseil économique, social et environnemental (CESE) selon lequel au Maroc il y a 1,5 million de jeunes entre 15 et 24 ans qui n'étudient ni ne travaillent.

Selon les données recueillies par les médias marocains et fournies par le ministère de l'Intérieur, les forces de sécurité ont empêché 11 300 tentatives d'arrivée de migrants à Ceuta et 3 300 autres à Melilla au cours du mois d'août. Depuis le début de l'année, ce chiffre s'élèverait à 45 015 tentatives déjouées, auxquelles s'ajoutent 177 réseaux criminels démantelés.

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