Messages indésirables ou insinuations, la cyberviolence sexuelle la plus banalisée chez les femmes migrantes

Messages indésirables ou insinuations, la cyberviolence sexuelle la plus banalisée chez les femmes migrantes

MADRID, 20 déc. () –

Les messages, commentaires ou insinuations à caractère sexuel non désirés via les réseaux sociaux et Internet, ainsi que les « sextings coercitifs », sont les types de cyberviolence sexuelle les plus normalisés au quotidien et les plus difficiles à détecter comme violence entre les jeunes femmes migrantes, selon une étude préparée par l’Accem.

Dans le rapport, basé sur la recherche et la participation de jeunes femmes migrantes, et intitulé « La violence sexuelle numérique et les jeunes femmes migrantes », un diagnostic est fait autour des types de violence sexuelle dans la sphère numérique et les mythes sont abordés, les stéréotypes de genre et les fausses croyances qui soutiennent leur normalisation, ainsi que les stratégies possibles pour leur prévention.

Les données montrent que les nouvelles générations identifient plus facilement les menaces, le chantage, l’intimidation ou l’insistance continue comme des éléments explicites de violence et sont pour elles les indicateurs de détection les plus fiables. Ils ont aussi très bien assimilé l’idée du consentement de la femme.

De même, ils perçoivent comme un crime le fait de diffuser des contenus intimes sans leur autorisation –une pratique connue sous le nom de sexpreading– et ils valorisent beaucoup les émotions négatives et les malaises (culpabilité, insécurité, anxiété, peur, nervosité) que la femme peut ressentir ces interactions comme un moyen de reconnaître une situation de violence sexuelle en ligne.

Bien que le rapport montre que les femmes migrantes n’accordent pas autant d’importance aux commentaires sexuels non désirés ou aux avances via les réseaux sociaux et Internet, car elles ne les voient pas aussi violents que d’autres types qui se caractérisent par la coercition, l’extorsion, les menaces ou le chantage. Au contraire, selon l’Accem, ils le comprennent comme faisant partie du jeu de séduction ou de la blague ou simplement comme des commentaires malheureux.

De plus, la recherche révèle que ces femmes ont de la difficulté à interpréter les doubles sens, les métaphores, les blagues et les jeux de mots comme du harcèlement sexuel, car elles ont des difficultés de langage ou de compréhension des codes culturels.

Pour cette raison, l’Accem souligne que le défi qui se pose dans ces cas n’est pas de dissimuler les violences sexuelles numériques les plus subtiles, telles que les farces, en les justifiant par la confiance, la complicité ou le bon travail des personnes et en mettant un Fini les euphémismes tels que « déplacé », « inapproprié », « hors de question », « engagé » pour désigner un contenu sexuel violent, non désiré ou sous pression.

L’ONG prévient également que les stéréotypes de genre et les mythes sur les femmes qui « exagèrent », « s’exposent sur les réseaux sociaux », « ne prennent pas soin d’elles sur Internet » ou « ne connaissent pas la technologie » sont absorbés puis reproduits par des la société; et finit par mettre l’accent sur la responsabilité des femmes, exigeant des mesures d’autoprotection.

De plus, l’Accem prévient que les discours misogynes présents dans les TRIC (Relations, Technologies de l’Information et de la Communication) renforcent la peur de nommer la violence sexiste, puisque les femmes sont souvent pointées du doigt et ridiculisées.

Selon cette recherche, il n’est pas durable que la prévention continue de se concentrer sur ce que les femmes devraient faire individuellement, alors que les causes de la cyberviolence sexuelle sont structurelles dans la société. Malgré cela, l’Accem souligne que cette perception est profondément enracinée, ce qui fait que les femmes migrantes continuent de se trouver dans le dilemme moral entre se protéger et leur droit à la liberté sexuelle et à la vie privée.

Pour prévenir ces violences, l’Accem s’engage pour une éducation affective-sexuelle destinée aux hommes et centrée sur les masculinités fragiles et égalitaires, et la participation active des entreprises technologiques pour garantir que ces environnements numériques soient exempts de violences sexistes en ligne.

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